Vae victis comme chacun le sait, du moins dans ma génération, est une expression latine signifiant « malheur aux vaincus » prononcée par le chef gaulois Brennos, qui avait vaincu Rome. (J’explique cela au regard des réformes récentes qui viennent d’être  entérinées concernant le grec et le latin, et qui ne devraient pas faciliter dans l’avenir la compréhension de cette locution et d’autres).

De nos jours, cette expression s’emploie pour rappeler que le vaincu est à la merci du vainqueur, surtout pendant les négociations qui suivent le combat…

« Un score honorable ». L’adjectif qualificatif utilisé par le premier ministre Manuel Valls, peu après 20 heures, pour qualifier le résultat du PS lors du premier tour des élections départementales, dimanche 22 mars, ne trompe personne : les socialistes encaissent là une cuisante défaite, sans doute l’une des plus sérieuses de leur histoire électorale, même s’il faudra attendre le soir du deuxième tour, dimanche 29 mars, pour mesurer l’exacte étendue des dégâts.

De plus, aucune défaite, n’est et ne peut être par essence honorable.
Car dans cette affaire, il n’est pas question d’honneur ou d’honorabilité mais de résultats, concrets et tangibles, bien éloignés de certaines valeurs immatérielles.

 Il est donc difficile de trouver, dans les discours du premier ministre Manuel Valls ou du premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, de réels motifs de se réjouir. Certes, la participation a été un peu supérieure à ce qui était annoncé, ce qui lui a sans doute permis de dépasser la barre des 20%. Une maigre consolation.

Les divisions sont légion (je continue sur le grec et le latin, une vieille manie qui m’aide à penser), et il y a fort à douter, qu’un rassemblement miraculeux se produise d’ici quelques jours. Alors quid si au soir du 29 mars la majorité doit faire face à une déroute historique ? Car, même si certains ténors estiment que le PS a mieux résisté que prévu, les signaux adressés par les électeurs sont très rouges. Au final c’est bien les seuls qui le resteraient, car ce à quoi nous risquons d’assister dimanche soir, c’est une grande bleue dans des bastions qui, plus grave pour l’avenir, n’avaient aucune raison d’être frappés de daltonisme.

Que l’on ne s’y trompe pas : dans ces conditions et malgré une situation économique qui semble s’améliorer, la gauche risque de trainer l’ombre de cette défaite pendant de longs mois, à la merci de la moindre faille qui viendrait encore fragiliser une reprise précaire, la mettant ainsi à la merci pour longtemps des futurs vainqueurs du dimanche 29 mars.