1/ Marie Béatrice Levaux, vous êtes la Présidente de la Fédération des Particuliers-Employeurs de France (FEPEM), le représentant des particuliers-employeurs et des emplois de la famille dans notre pays. Que recouvre exactement ce secteur, et quel rôle joue la FEPEM dans son développement ?

La FEPEM est la première organisation représentative des 3,6 millions de foyers employant à leur domicile 1,7 million de salariés en France, pour répondre à des besoins majeurs en matière de garde d’enfants, d’accompagnement de la dépendance ou d’entretien du cadre de vie.

Ces enjeux sont aujourd’hui renforcés par le vieillissement de la population, le défi démographique, l’insertion des femmes sur le marché de l’emploi, la baisse des solidarités intergénérationnelles, et bien entendu les effets de la crise économique que nous traversons : autant de facteurs qui mettent en péril notre modèle social.

Face à ces évolutions sociétales, la FEPEM offre des solutions concrètes d’accompagnement tout au long de la vie, et assure ainsi le développement pérenne du secteur.

A ce titre, la FEPEM a obtenu des acquis significatifs en matière de négociation de conventions collectives ou d’élaboration du chèque emploi service, ainsi que la reconnaissance officielle du statut de particulier-employeur dans la Loi de Modernisation de l’Economie du 4 août 2008.

 

2/ Pourquoi vous êtes-vous engagée pour la structuration de ce secteur en France ?

Sans structuration du secteur, il ne saurait y avoir de service de qualité, plus efficace et simplifié pour les particuliers employeurs, ni de véritable protection des droits des salariés.

En ce sens, la reconnaissance de l’expertise acquise par le salarié ainsi que la valorisation des emplois portés par nos deux branches professionnelles sont essentiels au développement de la qualité des emplois de la famille.

C’est pour cette raison que la FEPEM a initié dès 1994 la création d’un institut de professionnalisation des emplois de la famille (IPERIA l’Institut), afin de mettre en place une politique de formation professionnelle sectorielle ambitieuse, au travers d’une ingénierie pédagogique innovante prenant appui sur un réseau national d’organismes de formation dédiés.

Cette initiative a permis d’améliorer l’insertion des jeunes vers ces métiers de proximité et de développer l’attractivité du secteur pour tous.

 

3/ Quelles sont les valeurs qui vous animent ?

Depuis sa création en 1948, la FEPEM défend et promeut l’emploi entre particuliers à domicile dans une démarche de citoyenneté responsable, qui en fait un partenaire social engagé pour défendre l’ensemble de nos concitoyens.

Dans cette perspective, la FEPEM contribue au bien vivre ensemble des familles, au développement de l’emploi en France et à la cohésion sociale chère à notre modèle de société.

Le savoir-faire, l’esprit de service, la liberté individuelle, la responsabilité et la citoyenneté sont au cœur du modèle que nous portons pour la société française.

 

4/ Quel peut être, selon vous,  le rôle de la famille dans le contexte de profonds bouleversements que nous connaissons actuellement ?

A l’heure où la crise gronde en France et en Europe, en tant que premier cercle social et structurant de la société civile, la famille est devenue un véritable acteur économique et social. Elle est au centre des discours politiques et publics. En France et en Europe, elle prend une place parce qu’elle apporte des réponses, parce qu’elle assume des responsabilités nouvelles. Elle évolue, elle s’adapte, elle se forge une identité moderne, plurielle, elle acquiert de nouveaux rôles, elle modifie ses repères.

En France, la famille est devenue le premier employeur, ce que nous envient d’autres Etats membres en Europe, dont l’Allemagne ! Près de 1,7 million de salariés, plus de 580 millions d’heures déclarées au sein des domiciles, plus de 5 millions de citoyens sont concernés par ce secteur, les uns pour répondre à leurs besoins, les autres pour trouver un emploi.

Parce qu’il est profondément inscrit dans une culture de proximité, parce qu’il s’est largement démocratisé et parce qu’il apporte une réponse aux nouveaux besoins fondamentaux de la vie, l’emploi entre particuliers crée de nouvelles pratiques organisationnelles qui, accompagnées, sont source d’efficacité et de progrès social.

 

5/ Ce modèle peut-il contribuer au renforcement de la cohésion sociale en Europe ?

C’est une de mes convictions profondes que les emplois de la famille constituent des vecteurs de création d’emplois de qualité, de lutte contre la pauvreté et d’inclusion sociale des citoyens les plus fragilisés de l’Union européenne.

A cet égard, la FEPEM a engagé, depuis 2007, une réflexion globale sur l’avenir du secteur des emplois de la famille en Europe, en y associant les institutions européennes et plusieurs gouvernements nationaux, la société civile et les partenaires sociaux, afin de promouvoir un modèle de bonne pratique en matière de politique familiale et d’évolution sociétale, fort des preuves de réussite de ce modèle d’emploi en France.

Cette démarche a connu un vif intérêt de la part de la plupart des membres de l’Union auprès desquels la FEPEM a exposé son programme.

Pour concrétiser cet engagement, et poursuivre les avancées considérables obtenues jusqu’ici, la FEPEM a lancé la Fédération Européenne des Emplois de la Famille, afin d’accompagner l’émergence d’un mouvement de société en Europe, en faveur des familles, de la solidarité et de la justice sociale.
Marie Béatrice Levaux, Présidente de la Fédération des particuliers employeurs de France (FEPEM), Conseillère du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Section emploi et travail

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